Fernando Alcoforado*
Cet article vise à démontrer que le Brésil est confronté à quatre carrefours lors des prochaines élections : carrefour politique, économique, social et environnemental. Chacun des quatre carrefours produit deux scénarios futurs pour le Brésil. Le carrefour politique auquel est confronté le peuple brésilien pourrait conduire le Brésil sur deux scénarios lors des prochaines élections : le maintien de la démocratie avec la victoire des forces politiques démocratiques ou la fin de la démocratie avec la victoire des forces politiques d’extrême droite. Le carrefour économique auquel le peuple brésilien est confronté peut mener le Brésil vers deux scénarios : effet de levier du développement économique du Brésil à l’élimination de ses obstacles structurels avec la victoire des forces politiques progressistes, ou de la stagnation économique avec le Brésil maintenant le “statu quo” avec les maigres une croissance économique semblable à la « vol des poulets » qui a marqué le pays ces 40 dernières années avec la victoire des forces politiques rétrogrades et conservatrices. Le carrefour social auquel est confronté le peuple brésilien peut mener le Brésil vers deux scénarios : de la réalisation du bien-être social de la population brésilienne avec l’élimination de ses obstacles structurels avec la victoire des forces politiques progressistes ou le maintien d’inégalités sociales extrêmes au Brésil en maintenant le « statu quo » avec la victoire des forces politiques rétrogrades et conservatrices. Le carrefour environnemental auquel le Brésil est confronté peut le conduire à deux scénarios : parvenir à un développement durable avec la victoire des forces politiques progressistes ou maintenir la dévastation environnementale au Brésil tout en maintenant le « statu quo » avec la victoire des forces politiques rétrogrades et conservatrices. L’avenir du Brésil dépend de ces choix que fera le peuple brésilien lors des prochaines élections.
Il convient de noter que les forces politiques démocratiques s’entendent des partis et des organisations de la société civile défenseurs du libéralisme politique et économique, de la social-démocratie et du socialisme démocratique, tandis que les forces politiques d’extrême droite sont celles constituées par les partis et les organisations de la société. civils qui se présentent aux élections dans le but de s’emparer du pouvoir de l’État comme stratégie principale pour mettre en œuvre une dictature qui impose sa volonté à la nation dans son ensemble. Les forces politiques progressistes sont celles composées de partis et d’organisations de la société civile qui défendent la démocratie et le progrès économique, social et environnemental du pays, tandis que les forces politiques rétrogrades et conservatrices sont celles composées de partis et d’organisations de la société civile aux tendances libérales, néolibérales, fascistes et néofascistes qui cherchent à maintenir le modèle économique néolibéral, les inégalités sociales existantes et l’agression de l’environnement. Les forces politiques démocratiques et progressistes au Brésil sont celles qui veulent maintenir et faire progresser les acquis démocratiques exprimés dans la Constitution de 1988, tandis que les forces politiques d’extrême droite rejettent ce que la Constitution de 1988 établit et les institutions démocratiques en vigueur dans le pays. Toutes les forces qui composent les forces politiques arriérées et conservatrices du Brésil ne sont pas des extrémistes de droite. Il y a aussi dans sa composition, des défenseurs de la démocratie, des opposants, donc, à la dictature.
Pour le bien du Brésil, le peuple brésilien doit choisir, lors des prochaines élections, non seulement les candidats qui défendent la démocratie, mais aussi ceux qui sont les défenseurs du progrès économique, social et environnemental avec la victoire des forces progressistes sur les forces politiques rétrogrades qui défendre le maintien du statu quo économique, social et environnemental, tant pour la Présidence de la République que pour les gouvernements des États et les parlements fédéraux et des États. Le peuple brésilien doit donc élire à sa tête des candidats favorables à des changements économiques, politiques et sociaux qui contribuent à inverser la situation désastreuse de la terre brûlée dans laquelle se trouve le Brésil. Il faut élire des candidats aux différents postes électifs qui s’engagent à défendre la démocratie mais aussi à promouvoir pleinement le progrès économique, social et environnemental. Le plein progrès économique, social et environnemental signifie promouvoir le développement économique, social et environnemental en vue d’atteindre le bien-être social de toute la population brésilienne sans exception. La promotion du développement économique, social et environnemental avec la réalisation du bien-être social doit se traduire par la mise en œuvre d’un système économique, social et environnemental qui contribue à l’élévation maximale des indicateurs de développement humain et environnemental au Brésil. Pour que le nouveau système économique, social et environnemental, qui vise à atteindre le bien-être social de toute la population brésilienne, soit mis en œuvre, il est nécessaire d’abandonner le modèle économique néolibéral en vigueur responsable du désastre économique, social et environnemental au Brésil ces dernières 40 ans. Tout candidat qui défend le maintien et cherche à maintenir tout ou partie du modèle économique néolibéral en vigueur doit être rejeté aux urnes, même s’il est un défenseur de la démocratie dans notre pays.
Il ne suffit donc pas que des candidats qui défendent la démocratie soient élus. Il est nécessaire que soient choisis des candidats démocrates qui assument également l’engagement de mettre fin au modèle économique néolibéral en vigueur responsable du désastre économique et social au Brésil des 40 dernières années, en développant une stratégie pour inventer un nouveau Brésil. Dans notre livre A invenção de um novo Brasil (L’invention d’un nouveau Brésil) publié par Editora CRV de Curitiba en 2017, nous affirmons à la page 181 que, pour inventer un nouveau Brésil, il faut accomplir trois étapes : la première, à court terme, de relancer l’économie brésilienne ; la seconde, à moyen terme, avec l’adoption du modèle national développementaliste dans les moules du modèle de développement adopté par les pays d’Asie (Japon, Corée du Sud et Chine) tel que présenté au sous-chapitre 7.4 (L’Asie montre les voies du développement) et, la troisième, à plus long terme, avec l’adoption du modèle social-démocrate sur le modèle de celui pratiqué dans les pays scandinaves avec les améliorations et adaptations nécessaires comme présenté au sous-chapitre 7.7 (Le modèle de social-démocratie à construire pour inventer un nouveau Brésil à long terme).
La reprise de l’économie brésilienne nécessite l’exécution immédiate de 7 000 travaux publics arrêtés, la mise en œuvre d’un grand nombre de nouveaux travaux publics, en mettant l’accent sur les infrastructures économiques (énergie, transports et communications) et sociales (éducation, santé, logement et assainissement de base), l’adoption de la politique de substitution des importations et l’utilisation des capacités inutilisées de l’industrie. En plus de ces mesures, il faut suspendre le paiement des intérêts et l’amortissement de la dette publique intérieure, qui correspond à 48% du budget de l’État fédéral, pour une durée de 5 ans, ou renégocier avec ses créanciers afin de prolonger son paiement afin de réduire les coûts avec le paiement de la dette publique afin que le gouvernement dispose des ressources nécessaires aux investissements publics et utilise les réserves internationales de 362,20 milliards de dollars disponibles en 2021, si nécessaire, pour compléter les ressources destinées à investissements publics visant à relancer l’économie.
La reprise de l’économie brésilienne doit avoir pour objectif immédiat d’éliminer le chômage et la pauvreté qui touchent la grande majorité de la population, en plus de contribuer à l’élimination de la violence et de l’inflation. En plus des mesures susmentionnées visant à la relance de l’économie brésilienne, il est également nécessaire d’adopter notre proposition présentée dans notre livre A invenção de nosso Brasil (L’invention d’un nouveau Brésil), qui consiste en la mise en œuvre de stratégies qui conduisent, d’une part, à une augmentation de la collecte publique avec : 1) une taxation des grandes fortunes dont le patrimoine dépasse 1 milliard de reais, ce qui pourrait rapporter environ 100 milliards de reais par an ; et, 2) l’augmentation de la taxe sur les banques et, d’autre part, la baisse des dépenses publiques avec : 1) la réduction drastique du nombre de ministères et d’organismes publics et des dépenses à tous les niveaux de gouvernement ; et, 2) la réduction drastique du taux d’intérêt de base de l’économie (Selic) pour réduire la taille de la dette publique et le fardeau du paiement des intérêts et de l’amortissement de la dette publique.
Dans notre livre A invenção de um novo Brasil (L’invention d’un nouveau Brésil), nous affirmons qu’une fois achevée la phase de redressement de l’économie brésilienne, la phase d’adoption du modèle national développementaliste doit être menée dans le sens du modèle de développement adopté par les pays de Asie (Japon, Corée du Sud et Chine) où le gouvernement agirait comme mentor et inducteur du développement économique et social. Il est à noter que le Japon, la Corée du Sud et la Chine se sont distingués, respectivement dans les années 1970, 1980 et 1990, pour l’industrialisation de leurs économies, mais aussi, pour leurs infrastructures, dans le secteur des transports en raison des investissements élevés, qui continuent de être faites dans les routes et les chemins de fer, en particulier en Chine. Les politiques d’investissement dans les infrastructures sont une priorité du gouvernement chinois depuis 1990. Au Brésil, la fragilité est gigantesque dans les infrastructures économiques (énergie, transports et communications) et sociales (éducation, santé, assainissement de base et logement) qui exigent des ressources de l’ordre de 2 000 milliards de BRL. L’action gouvernementale au Brésil est assez faible dans le développement de la science, de la technologie et de l’innovation en raison du fait qu’il n’y a pas de politique industrielle qui indique des solutions efficaces visant à réduire en permanence les coûts de production de l’industrie au Brésil par rapport aux pays asiatiques, en particulier la Chine.
Dans notre livre mentionné ci-dessus, nous suggérons que ces solutions soient complétées par l’adoption de mesures visant à : 1) surmonter les gigantesques problèmes de l’éducation au Brésil à tous les niveaux ; 2) le développement des ressources de connaissances en adoptant des programmes pour établir des centres de R&D, renforcer les universités, acquérir des technologies et attirer des cerveaux de l’étranger ; 3) l’allocation adéquate des ressources d’infrastructure, en établissant des programmes efficaces pour éliminer les goulots d’étranglement logistiques existants ; 4) encourager les liens entre les chaînes de production des entreprises et leurs fournisseurs, en éliminant les lacunes existantes ; et 5) lutter contre la concurrence prédatrice des produits importés en restreignant ou en limitant leur entrée sur le marché intérieur.
Dans notre livre A invenção de um novo Brasil (L’invention d’un nouveau Brésil), nous affirmons qu’après l’adoption du modèle national développementaliste à moyen terme, un nouveau modèle de société doit être mis en place, à long terme, qui permette une coexistence civilisée entre tous les êtres humains au Brésil. Ce nouveau modèle devrait s’inspirer de la social-démocratie existante en Scandinavie, où la plus réussie de toutes a été mise en place, comme le montre le sous-chapitre 7.3 (Comment réaliser le progrès économique et social), avec les améliorations et adaptations nécessaires. C’était la social-démocratie construite jusqu’à aujourd’hui, surtout dans les pays scandinaves, le seul modèle de société qui a permis la réalisation d’un progrès économique, social, politique et environnemental sans précédent dans l’histoire de l’humanité avec l’État jouant le rôle de médiateur dans les conflits entre les intérêts du capital et de la société civile. Ce n’est pas un hasard si les pays scandinaves, en plus d’avoir de grandes réussites économiques et sociales, sont leaders de l’IDH (Indice de Développement Humain) dans le monde.
Malgré le succès de la social-démocratie scandinave, le nouveau modèle social-démocrate à mettre en place au Brésil devrait résulter de l’amélioration de ce que l’on appelle la social-démocratie nordique ou scandinave pratiquée au Danemark, en Norvège, en Suède, en Finlande et en Islande. La social-démocratie à mettre en place au Brésil devrait donc résulter de l’amélioration du modèle scandinave actuel qui fonctionnerait avec un tripode structuré autour d’un Etat neutre, d’une Société Civile Organisée active et d’un Secteur Productif efficient et efficace (étatique et privé). L’État neutre chercherait à rendre compatibles les intérêts du secteur productif (étatique et privé) avec ceux de la société civile, en arbitrant leurs conflits dans diverses instances des pouvoirs exécutif et législatif qui, en l’absence de consensus, la décision finale serait à la population qui déciderait démocratiquement par plébiscite et/ou référendum. Dans la nouvelle social-démocratie brésilienne, l’action des groupes monopolistes et des cartels privés dans l’économie ne devrait pas être autorisée. Les entreprises privées n’opéreraient que dans les secteurs économiques où il y avait concurrence. Les entreprises publiques ou mixtes occuperaient des secteurs économiques où la concurrence n’est pas possible. C’est le nouveau Brésil qu’il faudrait inventer.
Compte tenu des faits ci-dessus, il appartient au peuple brésilien de décider lors des prochaines élections s’il veut ou non inverser la situation de terre brûlée dans laquelle se trouve le Brésil. Pour le bien du Brésil et de son peuple, il n’y a pas d’autre décision rationnelle à prendre que de maintenir la démocratie avec la victoire des forces politiques démocratiques, de relancer le développement économique du Brésil avec l’élimination de ses obstacles structurels avec la victoire des forces politiques progressistes, la réalisation du bien-être social de la population brésilienne avec l’élimination de ses obstacles structurels avec la victoire des forces politiques progressistes et la réalisation du développement durable avec la victoire des forces politiques progressistes. Il appartient donc au peuple brésilien d’élire le Président de la République, les gouverneurs et les parlementaires attachés à la démocratie mais aussi à la réalisation d’un véritable progrès économique, social et environnemental.
* Fernando Alcoforado, 82, a reçoit la Médaille du Mérite en Ingénierie du Système CONFEA / CREA, membre de l’Académie de l’Education de Bahia, de la SBPC – Société Brésilienne pour le Progrès des Sciences et l’IPB – Institut Polytechnique de Bahia, ingénieur et docteur en Planification du Territoire et Développement Régional de l’Université de Barcelone, professeur d’université et consultant dans les domaines de la planification stratégique, de la planification d’entreprise, planification du territoire et urbanisme, systèmes énergétiques, a été Conseiller du Vice-Président Ingénierie et Technologie chez LIGHT S.A. Entreprise de distribution d’énergie électrique de Rio de Janeiro, coordinatrice de la planification stratégique du CEPED – Centre de recherche et de développement de Bahia, sous-secrétaire à l’énergie de l’État de Bahia, secrétaire à la planification de Salvador, il est l’auteur de ouvrages Globalização (Editora Nobel, São Paulo, 1997), De Collor a FHC- O Brasil e a Nova (Des)ordem Mundial (Editora Nobel, São Paulo, 1998), Um Projeto para o Brasil (Editora Nobel, São Paulo, 2000), Os condicionantes do desenvolvimento do Estado da Bahia (Tese de doutorado. Universidade de Barcelona,http://www.tesisenred.net/handle/10803/1944, 2003), Globalização e Desenvolvimento (Editora Nobel, São Paulo, 2006), Bahia- Desenvolvimento do Século XVI ao Século XX e Objetivos Estratégicos na Era Contemporânea (EGBA, Salvador, 2008), The Necessary Conditions of the Economic and Social Development- The Case of the State of Bahia (VDM Verlag Dr. Müller Aktiengesellschaft & Co. KG, Saarbrücken, Germany, 2010), Aquecimento Global e Catástrofe Planetária (Viena- Editora e Gráfica, Santa Cruz do Rio Pardo, São Paulo, 2010), Amazônia Sustentável- Para o progresso do Brasil e combate ao aquecimento global (Viena- Editora e Gráfica, Santa Cruz do Rio Pardo, São Paulo, 2011), Os Fatores Condicionantes do Desenvolvimento Econômico e Social (Editora CRV, Curitiba, 2012), Energia no Mundo e no Brasil- Energia e Mudança Climática Catastrófica no Século XXI (Editora CRV, Curitiba, 2015), As Grandes Revoluções Científicas, Econômicas e Sociais que Mudaram o Mundo (Editora CRV, Curitiba, 2016), A Invenção de um novo Brasil (Editora CRV, Curitiba, 2017), Esquerda x Direita e a sua convergência (Associação Baiana de Imprensa, Salvador, 2018), Como inventar o futuro para mudar o mundo (Editora CRV, Curitiba, 2019) et A humanidade ameaçada e as estratégias para sua sobrevivência (Editora Dialética, São Paulo, 2021).